Certains êtres exercent sur nous une fascination que l’on ne peut pas expliquer. Au point parfois de troubler notre entendement, d’obscurcir notre existence. De malentendus extrêmes à une réalité profondément dessinée, Joseph Agostini dissèque la passion dans un roman fascinant qui met en lumière le processus psychologique de l’amour d’une image tronquée par le spectre de sentiments inexplicables.
En recevant l’épreuve non corrigée du dernier livre de Joseph Agostini, j’ai d’abord été déçue puisque j’attendais avec une certaine impatience l’essai qu’il a écrit avec Jean-Benoît Dumonteix sur les tueurs en série. Mais comme cet ouvrage était entre mes mains, je me suis plongée dans cette lecture. Grand bien m’en a pris !
Cathy a une fascination sans borne pour la journaliste Daniela Lumbroso. D’entrée de jeu, nous sommes donc plongés dans un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, maintenant que le petit écran s’est fait détrôner par Internet et els réseaux sociaux au creux de la majorité des foyers. Un jour, dans la rue, Cathy croise Ludivine qui ressemble comme deux gouttes d’eau à son idole. Ludivine ne supporte plus de partager son apparence avec une image publique mais cette fois-ci, lorsque Cathy lui demande si elle est bien Daniela, elle acquiesce. C’est ainsi que les destins liés vont valser au rythme des faux semblants dans une écriture tantôt drôle, tantôt tragique. Cathy est une femme perdue en quête d’un modèle féminin. Elle ressemble à la majeure partie de la population qui rêve d’être quelqu’un d’autre.
Le vrai et le faux, le croire et le faire-croire… cela fait partie du quotidien des célébrités, de ces hommes et ces femmes qui inspirent l’amour, la confiance et les confidences d’illustres inconnus. C’est aussi cela le jeu de l’idolâtrie auquel s’adonne de nombreux jeunes ou des adultes en manque de reconnaissance ou d’existence. S’identifier à une personne que l’on connaît à travers son œuvre ou les miroirs déformants de la télévision comme des magazines renforce les fausses perceptions de l’autre, de nous… La lecture est fluide, captivante voire fascinante. L’écriture mordante et sincère de Joseph Agostini fait de Pour unique soleil une belle découverte littéraire qui fait réfléchir. L’ensemble est touchant, semblable à un GPS précieux pour garder le cap vers la vérité dans un monde de faux semblants dans ces instants où l’imagination prend le pas sur la réalité. Un instant salvateur dans notre société actuelle qui saura toucher un large public, qu’il connaisse ou non Daniela Lumbroso, pourvu qu’il ait connu ne serait-ce qu’une seconde, l’exaltation d’avoir une idole, un modèle pour avancer dans la vie.
© SBJ
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Pour unique soleil
Auteur : Joseph Agostini
Editions : Envolume
Parution : mai 2021
ThéâToile 