Label Jeunes Textes en Liberté : prometteuse soirée d’inauguration

La soirée d’inauguration du projet théâtral ambitieux et engagé intitulé Jeunes textes en liberté a eu lieu le lundi 25 janvier 2016 à Mains d’œuvres (Saint-Ouen). La première édition, placée sous la thématique de la frontière (réelle ou fantasmée), s’est ouverte avec la mise en espace du texte Genius Loci d’Aurélien Houver par Eugen Jebeleanu.

IMG_3246

Lors d’un débat à la Colline en mars 2015 sur la représentation de la diversité sur les plateaux de théâtre, l’auteure Penda Diouf et le metteur en scène Anthony Thibault en viennent à s’insulter avant de s’apercevoir qu’ils partagent la même colère, les mêmes valeurs. C’est ainsi qu’est né le label Jeunes Textes en Liberté qui a pour vocation de favoriser l’émergence des auteurs dramatiques contemporains et de prôner une meilleure représentativité de la diversité sur la scène, dans les théâtres mais également des lieux plus insolites, veillant toujours à un équilibre hommes / femmes / blancs / non blancs. Huit textes ont été sélectionnés et seront, chaque mois, mis en espace puis présentés à deux reprises, dans des structures partenaires diversifiés comme la Loge, la MC93, les Mains d’œuvres à Saint-Ouen, le Théâtre de Belleville, le restaurant Chez Betty ou encore le centre Intermonde de La Rochelle. Chaque représentation sera suivie d’une rencontre avec l’auteur. Pour la soirée d’ouverture, la première découverte fut celle de Genius Loci, le texte d’Aurélien Houver mis en espace par Eugen Jebeleanu.

Genius Loci, c’est une histoire qui se déroule en pleine guerre des Balkans, pendant le siège de Sarajevo. Sur la musique Walk on the wild side de Lou Reed, Armelle Abidou, Geoffrey Dahm, Annabelle Lengronne et Assane Timbo vont donner de leur voix pour faire entendre le texte fort et percutant d’Aurélien Houver. Derrière eux, sur un grand écran, des pochettes de CD sont disposées en mosaique, de Lana del Rey à Archive en passant par Jacques Brel, comme des éclats d’obus et des étoiles que pourrait voir Tijana, une assiégée qui se doit de partir pour témoigner du passé d’une ville dont elle se sent la légitime héritière. Dragan lui est un bon soldat, non patriote, poussé par aucun idéal et qui s’est engagé par lâcheté. Le thème de la frontière fantasmée, entre assiégé et assiégeant, est bien présent dans cette ville de Sarajevo qui change, se modifie et entre en symbiose avec elle-même au rythme des obus. Les deux protagonistes devront se résoudre à la quitter, la mort dans l’âme.

Aurélien Houver est un jeune homme de 23 ans qui a eu envie d’écrire, il y a quatre ans, sur ce cadre suite à la lecture d’un texte d’une amie traitant de Sarajevo. C’est une pièce éminemment musicale avec un réel travail sur les sonorités qui nous donne à concevoir la ville par la musique. Très symétrique, le texte se compose de quatre monologues, quatre scènes dialoguées puis à nouveau quatre monologues. Le rapport entre les personnages et le lieu où ils évoluent est placé au premier plan et Tijana et Dragan ne cesseront de franchir des frontières dans leur tête avant de les franchir physiquement lorsqu’ils quitteront Sarajevo. Ce qui nous apparaît flagrant à l’écoute des mots d’Aurélien Houver c’est sa précision et le degré de maturité dans son écriture.

Le label nous donne rendez-vous au mois de février pour découvrir Espaces vides au milieu de corps lumineux, un texte de Gabriel de Richaud, mis en espace le lundi 22 à La Loge (Paris 11ème) et le lundi 29 à Mains d’œuvres (Saint-Ouen). Aucun doute, nous y serons pour suivre de plus près ce beau projet culturel.


2 réflexions sur “Label Jeunes Textes en Liberté : prometteuse soirée d’inauguration

Laisser un commentaire