Ariane Brousse : « Un rôle comme Suzy, ça a vraiment été un beau cadeau »

En allant voir la pièce Comme en 14 au Théâtre La Bruyère, principalement pour le jeu de Virginie Lemoine, la rédaction de ThéâToile est tombée sous le charme de la comédienne Ariane Brousse, véritable révélation 2019. Il était inenvisageable de ne pas la rencontrer pour en savoir davantage sur son parcours et ce qui l’anime. Il y a fort à parier qu’elle figurera dans les prochaines nominations aux Molières !

Ariane Brousse © Dominique Valles
Ariane Brousse © Dominique Valles

Bonjour Ariane. Pouvez-vous vous présenter et nous dire quel parcours vous avez suivi ?

Je suis arrivée à Paris à l’âge de 19 ans. J’ai d’abord fait un conservatoire dans le Sud parce que j’ai vécu une grande partie de ma vie à Toulon, et avant ça, en Espagne. J’ai donc fait le conservatoire de Toulon, j’ai passé des examens en même temps que le bac et je suis montée à Paris pour suivre les cours à l’école Claude Mathieu. On m’avait dit que c’est une école supérieure avec des professeurs d’horizons différents. Ça a été trois ans de bonheur avec une sortie professionnelle avec Jean Bellorini qui est devenu un metteur en scène formidable. A partir de là, j’ai commencé assez vite à travailler avec plein de compagnies et à tourner plus récemment pour la télévision.

Qui ou qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’être comédienne ?

J’ai fait de la GRS en compétition, en championnat de France. C’est une discipline où il y a une partie individuelle et une partie en équipe. J’ai adoré travailler en équipe et être en spectacle, en représentation sur un praticable. Je pense que ça a été le début de quelque chose. Par ailleurs, c’est grâce à mon grand-père, qui m’a fait découvrir la poésie en me faisant lire de nombreux poèmes quand j’étais jeune. J’aimais beaucoup les interpréter, les travailler, les apprendre… Je pense que c’est un mélange des deux qui m’a donné cette envie.

Connaissiez-vous les anges blancs, ces femmes au chevet des blessés et des mutilés durant la Première Guerre mondiale, avant d’intégrer le projet ?

Un petit peu, comme tout le monde. Cette histoire-là, je la connaissais plutôt du côté des hommes, des combattants. J’en avais entendu parler évidemment et lu des choses là-dessus. Les femmes ont dû se débrouiller toutes seules. C’était aussi le début du féminisme d’ailleurs mais qui a été un peu étouffé pendant la guerre. J’avais donc un peu ces notions-là mais j’ai appris beaucoup de choses en travaillant sur ce spectacle.

Comment avez-vous préparé le rôle de Suzy ?

Je l’ai préparé avec toute l’équipe et avec Yves, notre metteur en scène, qui a été passionnant, qui connaissait très bien l’histoire et qui nous a fait plonger dedans en nous faisant voir des films, lire des choses, en allant voir des expositions. Je me suis vraiment plongée là-dedans et après, j’ai essayé de ressentir avec ce que je suis, essayé d’avoir des sentiments qui soient les plus sincères possibles.

Avez-vous des rituels avant de rentrer sur scène ?

Pas spécialement pour ce spectacle. Nous sommes toutes ensemble dans la même loge et Axel vient nous voir. On rigole. S’il y a un rituel, c’est celui de se retrouver.

Pour vous, quel rôle joue le spectacle vivant dans notre société actuelle qui a justement du mal à se retrouver et à se réunir ?

C’est vrai. Le spectacle vivant a forcément un rôle important. C’est l’endroit de toutes les libertés. On peut parler de beaucoup de choses, on peut échanger là-dessus. Ce sont des moments où l’on peut se réunir avec des gens de milieux et de cultures différents, des moments qui sont sensés ouvrir les esprits, forcer à réfléchir, à ressentir, qui devraient aller dans le bon sens.

Quelle spectatrice de théâtre êtes-vous ?

J’ai des périodes où j’y vais beaucoup et d’autres où j’y vais beaucoup moins. Je vais voir les copains mais aussi j’essaye d’aller voir ce que je choisis. J’essaye de ne pas avoir trop d’a priori, j’essaye d’entendre ce qui fonctionne, privé ou public. Je me balade un peu entre les deux, c’est assez éclectique.

Si vous étiez ministre de la culture, quel serait votre première réforme ?

Je travaillerai sur l’ouverture et sur l’accès de la culture. Et je répartirai les subventions même si cela est difficile.

Y a-t-il un rôle ou un type de rôle dont vous rêvez ?

C’est un rôle un peu comme Suzy. Je trouve que ce sont des rôles très beaux parce que comme dit Dany Laurent, c’est un rôle d’héroïne un peu. C’est une femme engagée, une battante, très moderne pour l’époque, très libre, très généreuse mais avec plein de contradictions, un peu têtue, qui va sûrement apprendre beaucoup après et qui est extrêmement joyeuse, pleine d’énergie, d’entrain, qui réunit les gens et en même temps qui a ses failles, qui a de vraies blessures. Ce sont des rôles très complexes avec beaucoup de choses à jouer. Un rôle comme Suzy, ça a vraiment été un beau cadeau pour moi donc ça pourrait être un rôle comme Suzy dont je rêve encore.

Quelle est la part d’Ariane dans Suzy ?

Ce n’est pas du tout mon histoire. On raconte une histoire, celle de ces gens donc je m’efface derrière ça mais je joue avec mes propres émotions, ma propre histoire. J’y mets de moi énormément parce que j’aime beaucoup ce personnage. J’ai de la tendresse pour elle. Je lui donne beaucoup de moi, de mon énergie, de ma sensibilité, de mon optimisme.

Si vous deviez partir sur une île déserte avec un seul livre, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

Belle du seigneur ! J’adore Albert Cohen en général. Je l’ai lu et relu. J’adore sa langue, ses litanies absolument merveilleuses. Toutes les contradictions sont dedans, tout l’humain et la cruauté de l’homme. Je trouve que c’est très très fort donc je partirai avec ça je pense.

Vous avez écrit une pièce qui s’appelle L’envers des maux. Quels sont vos autres projets ?

J’ai écrit une autre pièce qui s’appelle Superman mon père. Je ne sais pas si je vais la monter mais je vais travailler dessus. Le prochain projet, c’est Avignon avec Un songe d’une nuit d’été qui se jouera au Petit Louvre, que l’on tourne déjà depuis un petit moment et qui est mis en scène par Antoine Herbez. C’est un très beau spectacle qui mélange Shakespeare et Purcell. Avec Yves Pignot, nous reprendrons peut-être à Avignon le Voulez-vous jouer avec Moâ ? de Marcel Achard que nous avions joué à Orléans en 2017.

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