Comme un lundi : réussir sa vie

C’est au Théâtre du Passage vers les étoiles, dont le nom nous fait toujours autant rêver, que nous avons rendez-vous avec Comme un lundi, une pièce qui aborde ce moment charnière où l’on décide de ne plus correspondre à ce que les autres attendent de nous et d’affirmer ce que l’on est vraiment. Dans un hymne à l’émancipation humaine de toutes les influences d’autrui, devenir adulte et se lever heureux tous les matins sont deux notions compatibles qui semblent à portée de main.

Gaétane, Maxence et Pierre-François dans Comme un lundi © D.R
Comme un lundi © D.R

Pierre-François est fiancé à Gaétane, « fille charmante mais quelconque, qui ne le fatiguera pas avec sa conversation » selon sa mère. Lors d’une réception familiale célébrant les noces d’émeraude de ses parents, il retrouve Maxence, son cousin qui oscille entre l’insouciance de l’enfance et les responsabilités du monde adulte dans lequel il n’a pas tout à fait posé les deux pieds, et surtout Elodie, une ancienne conquête. Si Maxence est un farceur, un rigolo qui prend la vie avec légèreté pour survivre dans un univers où il peine à trouver sa place, Elodie semble avoir suivi la bonne voie. Chef de projet dans une grande entreprise, propriétaire d’une belle maison et titulaire d’un compte en banque bien garni, elle s’est imposée pour en arriver là, quitte à écraser les autres. Mais a-t-elle pour autant réussi sa vie ? En regardant ce qu’elle est devenue, Pierre-François se souvient de son enfance, de ses rêves d’aventures, des étoiles qui s’allumaient dans ses yeux…

Qu’est-ce que réussir sa vie ? De quoi rêve-t-on ? Sommes-nous heureux ? Voici quelques questions soulevées par Comme un lundi, la comédie d’Axel Sénéquier mise en scène par David Garel. La scénographie est simple, minimaliste mais astucieuse. Avec uniquement un petit coffre en bois, tantôt banc romantique d’un jardin festif, tantôt lit d’une chambre d’enfant, nous suivons cet instant nostalgique de l’enfance où l’on a la tête pleine de rêves avec de grandes choses à accomplir. Alors, on en vient à déclarer que « devenir adulte est une arnaque » et à regretter une période que l’on a détesté. Sur le plateau, les cinq comédiens étincellent de naturel. Yann Chevalier est un Pierre-François touchant dans ses hésitations tandis que Galiléo Bajard campe avec révolte et maturité l’enfant qu’il n’est plus. Pauline Choplin est Gaétane, une jeune femme bienveillante et compréhensive, simple fleuriste. Elle se balade allègrement sur la gamme des émotions avec une justesse remarquable. Charlotte Gallet est quant à elle la pulpeuse Elodie qui pense avoir réussi sa vie parce qu’elle gagne beaucoup d’argent mais qui n’a pas encore compris que le bonheur ne peut se chiffrer. Enfin, Julien Gortina (en alternance avec David Garel) est l’excentrique Maxence, ce grand enfant qui se sert de l’insouciance comme rempart à ses angoisses de quitter l’enfance.

Comme un lundi est une très jolie pièce sur le passage à l’âge adulte, teintée d’une douce nostalgie. Repartir de zéro, faire le grand saut dans l’inconnu, suivre son cœur, c’est peut-être angoissant mais jamais ridicule. Il est bien difficile de prendre instinctivement la bonne bretelle d’embranchement sur l’autoroute de la vie et il n’existe pas de mode d’emploi alors on fonce, on se perd, on revient sur nos pas, on essaye un autre chemin… Et si finalement le bonheur, c’était de se laisser porter et de ne rien attendre de la vie ? La pièce ne changera peut-être pas la face du monde mais elle aura au moins tutoyé les étoiles, le temps de la représentation. Avec elle, nous avons voyagé au centre des ambitions de notre cœur, faisant émerger à nouveau la volonté de ne pas abandonner notre passion, nos rêves, nos désirs. Trop souvent, nous nous laissons endormir par l’existence. Mais finalement la vie nous attend, notre vie et tout peut recommencer, comme un lundi, parce que « c’est bien d’avoir des rêves, mais c’est encore mieux de les réaliser ».


Comme un lundi

Texte : Axel Sénéquier

Mise en scène : David Garel

Avec : Galiléo Bajard – Yann Chevalier – Pauline Choplin – Charlotte Gallet – David Garel en alternance avec Julien Gortina

Durée : 1h15

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