C’est encore mieux l’après-midi : hôtel des quiproquos

Parfois, aller au théâtre juste pour se divertir est une excellente idée. Ne pas avoir besoin d’intellectualiser la moindre phrase ou la moindre intention scénique est un bonheur simple qui se fait rare lorsque l’on exerce un regard critique sur ce que l’on voit. En allant découvrir C’est encore mieux l’après-midi, nous avons renoué avec la joie d’être spectateur lambda. Nous sommes ressortis du Théâtre Hébertot avec le sourire et la satisfaction d’un moment plaisant, rafraîchissant, drôle et pétillant, développé à partir d’un petit grain de folie qui manque tant à nos existences.

C'est encore mieux l'après-midi © Photo Lot
C’est encore mieux l’après-midi © Photo Lot

C’est encore mieux l’après-midi, de Ray Cooner, est une sorte de cocktail pétillant accompagné d’un bonbon acidulé. C’est léger, plaisant et idéal pour mettre son cerveau en mode pause le temps de la représentation afin de se laisser porter par cette histoire rocambolesque. La pièce, d’une grande fraîcheur, nous entraîne dans un vaudeville rocambolesque. Imaginez, un hôtel, l’Hémicycle, dans lequel Richard, un député, est descendu avec sa femme Christine. Seulement il espère bien l’expédier plusieurs heures au théâtre afin de batifoler avec Stéphanie, une secrétaire du premier ministre, ce qui est, avouez-le, plus motivant que d’assister à un débat à l’Assemblée Nationale, à quelques pas de là. C’était bien entendu sans compter sur le manque de chance flagrant de son assistant parlementaire, Georges, sorte de mélange parfait entre le Monsieur Preskovitch du Père-Noël est une ordure et l’inoubliable François Pignon du Dîner de cons. De malentendus en quiproquos, le jeu des chaises sentimentales s’opère dans une suite logique pleine de surprises.

Lancés dans une course effrénée entre couple légitime et amants dissimulés, le spectateur assiste à la valse des rebondissements dans un vaudeville survolté. Pour marquer ce tempo enflammé, il fallait une scénographie qui permette de passer instantanément de la réception de l’hôtel aux chambres abritant liaisons sulfureuses et situations embarrassantes. Grâce à un décor coulissant très astucieux, l’illusion est parfaite et le rythme se fluidifie tout au long de la représentation, menée tambour battant par des comédiens savoureusement plaisants. José Paul, dont nous connaissons bien le travail, bouillonne dans sa direction d’acteurs, ne fait pas dans la demi-mesure et ne laisse aucun grain de sable enrayer sa mécanique ultra-précise. Sur le plateau, la distribution de qualité contribue à alimenter une intrigue drôlissime, reposant sur les ficelles de la comédie de boulevard. Il faut voir Pierre Cassignard se balader en slip léopard, donnant l’image d’un DSK sans scrupule ou encore la sulfureuse Lysiane Meis, dans le rôle de Christine, l’épouse un brin culottée avec un soupçon de nymphomanie qui allume tout ce qui bouge. Rudy Milstein est un domestique pas si crédule qu’il n’y paraît. Il excelle à chacune de ses apparitions. Sébastien Castro, le zébulon qui tente par tout les moyens de ménager la chèvre et le chou, fait preuve d’un époustouflant abattage scénique et se montre hilarant, à mi-chemin entre Jacques Villeret et Pierre Richard. Dans le rôle du directeur d’hôtel, Guilhem Pellegrin fait des merveilles tandis que Pascale Louange est une maîtresse irrésistible bien que dans un rôle un peu effacé en comparaison des autres protagonistes.

Le temps file à toute allure, sans aucun répit ni temps mort. Les répliques fusent, les quiproquos s’enchaînent et même si c’est encore mieux l’après-midi, ajoutons qu’il n’y a pas d’heure pour faire le plein de bonne humeur et se faire plaisir avec un divertissement de qualité. Que ce soit en journée ou en soirée, en semaine ou le week-end, n’hésitez pas à pénétrer dans le hall de cet hôtel explosif avec un bouquet final de feu d’artifice à tous les étages. L’heure est à la détente alors il n’y a pas de mal à se faire du bien, à laisser notre petit grain de folie s’exprimer, à pétiller et oublier de temps en temps d’être raisonnable. C’est un véritable régal scénique auquel il serait fort dommage de ne pas succomber.


C’est encore mieux l’après-midi

Texte : Ray Cooney

Adaptation : Jean Poiret

Mise en scène : José Paul

Avec : Pierre Cassignard – Lysiane Meis – Sébastien Castro – Guilhem Pellegrin – Pascale Louange – Guillaume Clérice – Rudy Milstein – Anne-Sophie Germanaz

Durée : 1h25

  • Du 23 février au 4 juin 2017

               Du mardi au samedi à 21h

               Le samedi à 16h30

               Le dimanche à 15h00

Lieu : Théâtre Hébertot, 78 bis boulevard des Batignolles, 75017 Paris

Réservations : 01 43 87 23 23 ou www.theatrehebertot.com


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